La dernière vague de maires écolos élus en juin 2020 a déjà témoigné de son inventivité en matière de mesures saugrenues. C’est le témoignage éclatant d’une idéologie aussi sectaire qu’irréaliste[1]. Cela va de l’interdiction du sapin de Noël au dénigrement du Tour de France en passant par la condamnation sans appel de la « 5G » censée ne servir qu’à regarder des films pornos dans l’ascenseur (sic !). Le tout décidé sans la moindre concertation avec la population locale, bel exemple de démocratie participative ! J’imagine que certains élus vont « mettre de l’eau dans leur vin » face à la rugosité de la réalité politique et sociale qui ne va pas se plier au diktat d’une pensée essentiellement doctrinaire. Néanmoins je crains qu’un grand nombre de ces nouveaux maires, grisés par leur succès électoral, ne veuillent persévérer dans l’originalité, pensant contribuer à notre éducation de mécréants environnementaux. Pour prendre un peu d’avance, je me suis livré à un petit exercice de prospective afin de proposer un catalogue de mesures tout aussi idiotes les unes que les autres en imaginant qu’elles pourront séduire nos « Khmers verts » en herbe.

Tout d’abord les interdictions. Malgré les recommandations de la « madone de l’écologie[2] », l’écologie politique au pouvoir se veut punitive. Nos nouveaux maires vont donc se complaire dans l’interdiction, la prohibition et la culpabilisation (en ligne avec le crime « d’écocide »). Les suggestions qui suivent pourront nourrir leur verve répressive et irrépressible.

Dans le domaine de l’habillement d’abord. Ils pourront s’attaquer à nos chaussures en bannissant l’usage du cuir (animaux morts), du plastique de nos chaussures de sport (pouah ! des produits pétroliers difficiles à recycler), du caoutchouc des semelles ou des bottes (la culture des hévéas favorise la disparition des forêts tropicales naturelles), des sabots (du bois mort). Restent donc la pratique des pieds nus ou les espadrilles en semelle de corde… tant pis en cas de pluie ! L’instauration d’une taxe municipale pour les résidents portant sur la voie publique des vêtements en fourrure pourra aussi voir le jour avec une tolérance temporaire pour les non-résidents ou les touristes, à qui sera néanmoins distribuée une notice dénonçant l’absence de civisme solidaire et responsable de leur comportement. L’usage de la laine dans les vêtements pourra être remis en cause car, même si la tonte ne met pas en jeu la vie des animaux, l’opération est stressante et nuit au bien-être animal ovin.

L’interdiction de l’éclairage nocturne des vitrines de 22h à 6h du matin sera réaffirmée avec la suppression de l’éclairage public aux mêmes heures. En conséquence seront créés des emplois de veilleurs de nuit, armés, pour lutter contre la délinquance nocturne en croissance avec l’obscurité.

Une monnaie locale, le « billet vert », sera mise en place avec la devise « En la nature nous croyons » sous-titrée en anglais pour les étrangers : « In Nature, we trust ». Non échangeable contre des euros, cette monnaie, en laquelle seront notamment payés les employés municipaux, pourra être utilisée chez les commerçants agréés de la ville avec une ristourne de 10% pour les achats en magasin « bio ».

La suppression ou la condamnation des ascenseurs dans les immeubles de plus de trois étages sera imposée. Cela permettra, d’une part, de réduire la consommation d’électricité et, d’autre part, d’obliger les habitants à faire de l’exercice. Les personnes de plus de cinquante ans seront relogées dans des immeubles de moins de trois étages (éventuellement dotés d’ascenseurs) ou prioritaires pour les rez-de chaussée. Les immeubles de grande hauteur seront réservés aux sportifs, leur escalade concourant à la bonne forme physique des intéressés.

Les femmes seront invitées (ou même obligées, sous peine d’amende, pour les résidentes) à avoir les cheveux courts et à se coiffer à la garçonne. Cela réduira la consommation d’eau, de shampoing et l’usage du sèche-cheveux.

Une prime pour le démontage des baignoires renforcera l’usage des douches, moins consommatrices d’eau, comme chacun sait.

Restant dans le domaine de l’hygiène, la suppression des toilettes publiques du type « sanisette » aura un avantage certain. L’installation, à leur place, de toilettes sèches (mal)odorantes, réduira l’usage d’engrais par épandage des déchets dans les squares municipaux. Les plus techniciens pourront aussi envisager la production directe de biogaz pour l’éclairage public.

Une avancée spectaculaire sera le « zéro-papier » pour les publications de la commune avec notamment la disparition des bulletins municipaux en version papier dans un premier temps. Lorsqu’un conseiller municipal astucieux aura démontré que la version électronique conduit à une surconsommation d’électricité, on supprimera à son tour de la version électronique. Il faudra en contrepartie créer des emplois de « crieurs-aboyeurs » municipaux qui, dotés d’un tambour et d’un porte-voix, diffuseront par leur organe vocal les informations destinées à la population, invitée à colporter les nouvelles par le bouche-à-oreille, très respectueux des ressources de la planète.

Les plus convaincus pourront instaurer une « prime anti-famille » (PAF) et une « taxe anti-gosses » (TAG). Le but est de contrecarrer les allocations familiales qui encouragent les familles nombreuses. Or plus de bouches à nourrir, c’est plus de pollution. Un maire écolo doit donc encadrer la population de sa commune pour limiter l’empreinte environnementale de la collectivité. Dans le même esprit, il fera disparaître les logements de plus de 4 pièces des HLM de la ville, de façon à dissuader les grandes familles de rester dans la commune. Quelques appartements témoins de grande taille seront conservés pour loger des familles nombreuses d’immigrés exclusivement.

Pour les déplacements, la vitesse des automobiles sera limitée à 10 km/h de manière corollaire, la limite de vitesse des trottinettes électriques sera portée à 30 km/h de façon à défendre le slogan : « roulez trois fois plus vite en trottinette qu’en voiture » ! La suppression des parkings municipaux souterrains et leur utilisation comme champignonnières coulent de source.

La « véganisation » des cantines scolaires municipales s’impose pour bien éduquer les enfants. Un certificat médical sera nécessaire pour y déroger avec, dans ce cas, l’obligation pour la famille d’assurer elle-même les repas des enfants concernés.

Le réexamen de la liste des ouvrages disponibles dans les bibliothèques municipales est indispensable. La conséquence en sera la destruction – de préférence par autodafé – des ouvrages contraires à la « doxa » : ouvrages négationnistes du changement climatique, apologie de la colonisation, biographies de personnages historiques condamnés par la bien-pensance (Christophe Colomb, Colbert, Louis XIV, Napoléon, Jules Ferry, Gallieni, etc.). L’entrée de tout nouvel ouvrage sera soumise à un comité d’agrément présidé par le maire soi-même. Bien sûr les effigies des personnages déchus (statues, tableaux), sont reléguées dans les sous-sols des remises les plus insalubres et malsaines de la commune ou vendues aux enchères.

Le conseil municipal, sur proposition du maire, rebaptisera des rues de la ville mal nommées (cf. les personnages du paragraphe précédent).  Le choix se portera sur des personnalités emblématiques de la cause environnementale, citoyenne et solidaire, etc. La rue « Jeanne-d’Arc » deviendra « Greta-Thunberg », « Bougainville » sera remplacé par « Cousteau », « Clemenceau » deviendra « Gisèle Halimi ». Au lieu de ces héros de la Résistance que tout le monde a oublié, donnons des rues à des héros du nouveau style. Il faudra éviter les renégats comme James Lovelock[3], Brice Lalonde, Cécile Duflot et même Nicolas Hulot, trop insaisissables et versatiles. Enfin il conviendra de remplacer les noms génériques (République, Liberté, Libération, Égalité…) par des noms d’ONG (Greenpeace, Les Amis de la Terre, Amnesty International, …). Chaque commune « écolo » devra comporter une « rue du Changement-Climatique », piétonne, pavée, sans goudron ni béton, et sans éclairage public.

Toute exposition dans les locaux municipaux devra traiter d’un sujet de mobilisation des habitants : l’oppression d’une minorité, la préservation de l’environnement, à l’exclusion de tout autre question. Le comité d’organisation, paritaire homme-femme, comportera au moins un membre de « catégories sous-représentées » (handicapés, gens de couleur, immigrés, LGBT[4] et un représentant de EELV[5]).

Il faudra interdire, sous peine d’amende municipale, la sortie le samedi des personnes âgées usant d’un déambulateur, d’un caddy ou en chaise roulante : elles pourraient gêner les adeptes du vélo tout terrain et de la trottinette tout trottoir qui auront le champ libre ce jour-là.

Enfin on pourra instaurer une taxe pour les propriétaires d’animaux (canins essentiellement) déféquant sur la voie publique en dehors des espaces de « crottoirs » spécialement destinés à cet effet. Ah, pardon ! c’est une mesure intelligente. Que voulez-vous, on ne peut pas avoir que de mauvaises idées !

 

Tout ceci est une galéjade, bien sûr. Je crains cependant que, même sans connaître ce pamphlet, de nombreux élus écolos n’aient « spontanément » ces mêmes idées et ne soient tentés de les mettre en œuvre. Je plains sincèrement leurs ressortissants d’alors. Certains l’auront mérité en ayant voté pour eux, d’autres subiront … en attendant les élections suivantes.

[1] Le lecteur aura compris que je ne suis guère idolâtre de cette tendance politique où l’utopie côtoie l’intolérance.

[2] Il s’agit évidemment de Ségolène Royal, toujours donneuse de leçon quand elle n’est pas aux affaires (défaut assez répandu parmi les politiques de tous bord, au demeurant).

[3] Savant britannique né le 26 juillet 1919 et toujours en vie en septembre 2020. Biologiste, chimiste, professeur d’université, mythographe, écologue, écologiste, écrivain de science-fiction, biochimiste, météorologue, apiculteur. Longtemps proche de Greenpeace mais partisan du nucléaire.

[4] LGBT ou même LGBTQQIAAP signifie : Lesbienne – Gay – Bisexuel – Transgenre – Queer – en Questionnement – Agenre – Asexuel – Pansexuel. À force de vouloir inclure le plus de communautés dans ce sigle, il en devient imprononçable et incompréhensible !

[5] EELV : « Europe écologie les verts », parti caméléon censé regrouper les écologistes politiques.

 

Billet d’humeur de Dominique Maillard, Président d’honneur de la FNEP