Conférence présentée par François Gerin, association des Amis de la FNEP et animée par le médecin et journaliste Brigitte Milhau (CNews). Développement durable … ou capacité de l’homme à éviter une « crise d’extinction » ?

par Marie-Hélène Morvan, déléguée de la Mission 2017

Conférence présentée par François Gerin, association des Amis de la FNEP et animée par le médecin et journaliste Brigitte Milhau (CNews). Participants aux débats : Pr. Gilles Boeuf, Agence Française de Biodiversité – Président du Comité scientifique, Mentor de la Mission FNEP 2017, Marc Mortureux, Ministère de la Transition écologique et solidaire – Directeur général de la prévention des risques, Dr. Simon Cauchemez, Institut Pasteur Paris – Directeur de recherche, responsable de l’unité de modélisation des maladies infectieuses, Me Jean-Pierre Mignard, Comité Consultatif National d’Ethique – co-rapporteur du rapport N°125 « Biodiversité et santé : nouvelles relations de l’humanité avec le vivant ? », Pr. Jean-François Toussaint, Directeur de l’IRMES (Institut recherche biomédicale et d’épidémiologie du sport .

Les liens entre biodiversité, santé animale et santé humaine forment une approche holistique, « one health », qui peut être considérée comme un socle d’un développement durable  « One health » met en évidence les liens indissolubles entre biodiversité et santé humaine, et par là, la nécessité extrême d’une préservation de la biodiversité. A l’inverse, mettre à mal la biodiversité, par toutes les formes de pollution, à commencer celle de l’eau, par la destruction des habitats d’espèces animales, végétales, ou de microorganismes indispensables à la chaîne du vivant, par la surexploitation des ressources biologiques (les sols fertiles, mais aussi les milieux marins soumis à une sur-pêche), c’est mettre à mal l’avenir de l’humanité en tant qu’espèce vivante.

La question de la biodiversité se retrouve à l’intérieur même de l’homme.  L’étude des interactions entre le corps humain et le microbiote, ces prodigieuses populations de bactéries présentes dans son système digestif, n’en est qu’à ses prémices et porte sur les liens potentiels avec des pathologies très diverses, allant des cancers à la maladie d’Alzheimer, en passant par l’obésité ou le diabète.

La biodiversité est donc la condition au maintien du vivant tel que nous le connaissons (et donc de l’homme). Le rapport du Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) sur le sujet de la biodiversité, énonce en synthèse : « Le progrès des connaissances souligne de plus en plus la complexité et la dynamique des interactions caractéristiques du monde vivant et comment au sein des espèces, tout individu, y compris humain, constitue un écosystème dynamique en relation avec l’ensemble de la biosphère. »

La biodiversité est aussi un formidable réservoir d’innovation. Si l’humanité a progressé en asservissant la biodiversité, les intervenants à la table ronde du 27 novembre 2017 voient pour l’avenir une autre nécessité : l’humanité doit partir à la reconquête de la biodiversité, pour s’en faire une alliée. C’est aussi là qu’elle trouvera une nouvelle inspiration. Certains organismes vivants montrent des « performances » que l’homme leur envie. La bioingénierie, la génétique thérapeutique, cherchent dans le génome de ces organismes des manières d’améliorer la santé humaine, de reconstruire des membres détruits, d’améliorer la résilience des organismes. Le Pr. Gilles Boeuf cite cet invertébré minuscule, le tardigrade, qui résiste à des conditions d’environnement extrêmes. Ne pourrait-on apprendre de son génome comment renforcer les capacités d’autres espèces ? C’est cette orientation, loi des utopies du transhumanisme, de l’homme augmenté ou de l’immortalité, plus humble face à la nature, que prend aujourd’hui la recherche biologique.

Mais la biodiversité est aussi le lieu de menaces épidémiques potentiellement catastrophiques, dont on ne peut exclure qu’elles puissent décimer une part importante des espèces vivantes, dont l’homme, en un temps bref. La recherche scientifique est-elle en mesure d’anticiper et de protéger l’humanité contre ces risques majeurs ? Oui elle peut, par une exploration tous azimuts, se tenir prête à analyser, à comprendre, une menace qui deviendrait pressante, et à explorer des pistes pour la juguler.